Trait d'Union Outaouais Inc.
819 595-1290 | Sans frais : 1-866-355-8864
109, rue Wright – local 104, Gatineau (Québec) J8X 2G7
PARTAGER

Lettre de notre président aux députés de l’Outaouais

Gatineau, le 18 février 2022

Madame Maryse Gaudreault, députée de Hull
Robert Bussière, député de Gatineau
Mathieu Lévesque, député de Chapleau
Mathieu Lacombe, député de Papineau
André Fortin, député du Pontiac


OBJET :
Budget du gouvernement du Québec et rehaussement du financement à la mission des organismes communautaires


Madame la Députée,
Messieurs les Députés,

En tant que députés à l’Assemblée nationale, vous prendrez part au cours des prochaines semaines aux délibérations qui porteront sur l’élaboration et l’adoption éventuelle du prochain budget du gouvernement du Québec. Par cette lettre, nous vous demandons aujourd’hui d’appuyer sans réserve les revendications des organismes communautaires autonomes de l’Outaouais et de tout le Québec pour un rehaussement considérable et récurrent de leur financement à la mission globale, le respect de leur autonomie de fonctionnement et une plus grande justice sociale.

Trait d’Union Outaouais Inc. [TUOI] est un organisme communautaire autonome régional dont la mission est d’offrir des services visant à favoriser l’intégration sociale des personnes autistes dans la communauté tout en soutenant leur famille et l’entourage. Parmi nos quelque 250 membres, on retrouve principalement des adultes autistes ainsi que des familles d’enfants, d’adolescents et d’adultes ayant un trouble du spectre de l’autisme.

TUOI est un membre actif de la Table régionale des organismes communautaires autonomes de l’Outaouais [TROCAO] qui représente plus d’une centaine d’organismes communautaires offrant divers services de soutien à des milliers de personnes en situation de vulnérabilité. TUOI appuie et participe activement à la Campagne “Engagez-vous pour le communautaire” qui a présentement cours à la grandeur du Québec. 

Le financement à la mission et la pénurie de main-d’œuvre

Depuis plusieurs décennies déjà, les organismes communautaires autonomes peinent à réaliser pleinement leur mission d’aide aux personnes vulnérables en raison du sous-financement de leurs activités. Leur manque à gagner annuel est estimé à plus de 460 M$ à l’échelle du Québec dont plus de 30 M$ dans l’Outaouais seulement, et environ 300 000 $ pour notre seul organisme. On en est là aujourd’hui, principalement en raison du faible niveau de rehaussement, mais aussi parce que l’indexation annuelle des subventions accordées en vertu du Programme de soutien aux organismes communautaires [PSOC] a varié de O,7 % à 2,2 % sur la base de l’Indice des prix à la consommation alors que la hausse annuelle des coûts de fonctionnement des organismes communautaires au cours de cette période est estimée à 3,25 %. Force est de constater donc que les organismes s’appauvrissent d’année en année.

La tendance à la hausse des coûts de fonctionnement des organismes communautaires va certes continuer et sûrement même s’amplifier au cours des prochaines années, notamment en raison de l’augmentation des coûts de la main-d’œuvre. Depuis 5 ans, TUOI fait d’ailleurs face à des problèmes croissants de recrutement et de rétention de personnel, et plus de la moitié de nos postes sont présentement vacants. Notre prestation de services s’en trouve réduite considérablement et l’épuisement professionnel guette nos employés permanents qui tentent de maintenir l’offre de services avec des effectifs réduits.

Or, même en accordant des hausses de salaire significatives et en bonifiant les avantages sociaux de nos employés, nous savons que, le marché étant ce qu’il est, nous continuerons d’éprouver beaucoup de difficultés à recruter le personnel qualifié dont nous avons besoin pour œuvrer auprès d’une clientèle qui nécessite expertise et compétences à plusieurs égards. De plus, compte tenu de leurs caractéristiques particulières, les personnes autistes ont un grand besoin de stabilité et la pénurie de main-d’œuvre de même que le roulement de personnel constituent des obstacles importants à cet égard.

Il est donc essentiel que les organismes communautaires puissent bénéficier d’un financement qui leur permette d’être plus concurrentiels dans un contexte où la pénurie de main-d’œuvre force tous les employeurs à offrir davantage pour recruter et retenir des employés qualifiés.

 Le respect de l’autonomie

Tout comme la TROCAO, nous constatons que l’autonomie des organismes communautaires est souvent menacée. Nous revendiquons d’abord un rehaussement significatif du financement à la mission, car cela est essentiel à la pérennité de nos activités et actions. Nous demandons aussi la migration des montants octroyés en vertu d’ententes de services ou de projets, vers un financement à la mission globale. Ce type de financement permet aux organismes communautaires d’avoir le plein contrôle de leurs décisions, orientations et actions et leur donne le pouvoir d’agir rapidement et efficacement afin de répondre aux besoins des populations qu’ils rejoignent. Selon le cadre de référence ministériel, il devrait d’ailleurs constituer la plus grande proportion du financement des organismes, mais on observe plutôt une tendance croissante vers un financement par entente ou par projet qui place souvent les organismes dans une forme de sous-traitance du réseau. La récurrence du financement à la mission amène aussi davantage de prévisibilité et de stabilité opérationnelles que les autres modes de financement qui ont une durée de vie limitée ou doivent être renouvelés annuellement, souvent sans rehaussement ni indexation.

Le Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire [PAGAC]

Nous souhaitons également vous rappeler que le milieu communautaire attend toujours avec fébrilité et impatience le Plan d’action gouvernemental en matière d’action communautaire [PAGAC] dont la sortie était pourtant prévue au printemps dernier. Il est impérieux que soit adopté rapidement un plan d’action visant à mieux soutenir les organismes communautaires, à mieux reconnaître leur expertise, leur approche globale et leur autonomie et à favoriser une cohérence dans les interventions gouvernementales.

La justice sociale

Trait d’Union Outaouais fait aussi écho aux demandes exprimées par plusieurs regroupements d’organismes communautaires de réinvestir massivement dans les services publics et les programmes sociaux. La crise sanitaire actuelle rend encore plus visibles les conséquences du sous-financement des services publics et des programmes sociaux et cela vient amplifier les inégalités sociales. Il est urgent que le gouvernement mette en place une série d’actions structurantes pour une plus grande justice sociale.

Pour toutes ces raisons, nous comptons sur vous pour que le prochain budget du gouvernement du Québec ainsi que les orientations ministérielles témoignent concrètement d’une réelle reconnaissance des organismes communautaires autonomes en leur accordant un financement à la hauteur de leurs besoins et de leur valeur. Ce faisant, vous contribuerez à créer un avenir meilleur pour l’ensemble de la population du Québec.

Nous vous remercions de l’attention que vous portez à nos demandes.

Denis Corriveau
Parent d’une adulte autiste et président du conseil d’administration Trait d’Union Outaouais Inc.